Compte rendu: GRUISSAN PHOBUS TRAIL

L'édition 2012 du GRUISSAN PHOBUS TRAIL restera incontestablement dans les annales, d'abord en raison de l'exceptionnelle qualité des plateaux proposés sur les trois distances, ensuite et surtout par les conditions climatiques dans lesquelles elles se sont courues. Gruissan, en temps normal citée méditerranéenne baignée de soleil et de douceur, s'est transformée l'espace de quelques jours en citée polaire : températures sibériennes renforcées par un vent glacial qui vous fait pénétrer le froid jusqu'aux os, étangs gelés, flamands rose transis, tel étaient les ingrédients de cette édition 2012. "Courir entre Clape et Méditerranée" aurait pu se traduire en "Courir entre Oural et Lac Baïka", comme le titrait L'INDEPENDANT dans la semaine précédente.Cette année, le GRUISSAN PHOBUS TRAIL était un trail "des glaces", un trail du "vent", un trail du "froid".

Voila nous y sommes, premier défi de l'année 2012, le Gruissan Phoebus Trail et son parcours de 50 kms plutôt technique et nerveux, tout en relance, sur les chemins forestiers et mono-trace des garrigues et pinèdes caillouteuses du massif de la Clape qui surplombe le rivage méditerranéen.

6h30: lévé après une nuit, bien agitée, je prends un bon petit déjeuner à base de thé, biscottes, petites crêpes maison, miel et bien sur un bol de mix cream à la banane de chez Mx3.

7h00: nous prenons la route pour Gruissan en traversant la zone des étangs éclairée par un superbe levé du jour accompagné de ses couleurs rose-orangées. Le spectacle nous ferait presque oublié les -6° affiché sur l'écran du tableau de bord.

7h30: arrivé au casino de Gruissan, je remarque que le froid constant à freiné l'ardeur de beaucoup de coureurs. Très peu s'échauffent bien que nous sommes à moins de 45 mn du départ. Seuls quelques courageux s'échaufferont, les autres préférant profiter de la chaleur des salons du casino et du café et thé offert par cette belle organisation.
Pour ma part, je préfère aller m'échauffer, cela évitera tout claquage au coup de starter. Etant donné le froid qu'il fait, c'est plus sage et puis je ne voudrais pas manquer mon premier rendez-vous (le dernier de 2011 m'ayant laissé un gout amer!!!). Tout en m'échauffant je reconnais quelques favoris Lafaye Céline , Manu Gault....

8h10: H-5mn, ça s'active dans le casino... Semblable à une ruche, les participants profitent des derniers instants de chaleur avant de partir pour plusieurs heures dans le froid. Tous sortent équipés de la tête au pied... aucun bout de peau ne dépasse, il fait très froid. Difficile de reconnaitre quelqu'un, tous sont cachés derrière buff, bonnet et autres articles pouvant couper de ce froid glacial. Dernières recommandations alors que le peloton est pressé de partir pour se réchauffer...

8h15: coup de starter, l'essaim est lâché, les favoris sont déjà aux avants poste et ça va déjà vite. Pour ma part je pars prudemment, pour une reprise c'est mieux!! Autour de moi Fiona Porte et Céline Lafaye papote à 14km/h : ça va pas mal!!! Je continu à mon rythme tout en grappillant quelques places sur un parcours au milieu des vignes qui, pour le moment, est roulant puis soudain, première difficulté, un mur de 200m s'élève devant moi ( lire la vidéo) et déjà certains gars se mettent en position marche les mains sur les cuisses. Quant à moi, je l'aborde en trottinant puis me résous à la finir en marchant "fort", histoire de ne pas trop manger de jus. Au sommet, petite vue sur Gruissan bien sympa. Généralement ce type d'exercice fait de suite monter en température mais là avec le froid même pas!!! Pourtant j'avais opté pour une veste technique type gore tex au couleur de mon partenaire Running Conseil de Lyon qui me tenait bien au chaud et au sec; pour le reste de la tenue, manchons Salomon iques et son 3/4 compressif, mon buff fétiche, un bonnet Odlo et des lunettes pour protéger mes yeux du vent glacial qui m'éviteront bien des larmes inutiles. Pour finir, un sac Raidlight avec bidon sur le devant ("olmo light 20l"). Après une succession de montés et descentes, le parcours devient plus roulant. Je reste pendant quinze bonne minutes derrière la première féminine qui me fait une forte impression, foulée ultra véloce et rapide, on comprend pourquoi elle à finira première. Je me résous à la laisser partir en sachant bien que si je continu à ce rythme sur ce profil de 1320m+ je vais me griller. Je reprends donc mon rythme plus cool sur ce super parcours plein de relances avec des sentiers assez propres. Puis reviens sur moi comme un boulet, d'une foulée super légère et arienne, Céline Lafaye. Nous ferons un bon bout de chemin ensemble et je tiens à saluer cette grande championne qui, tout le long du parcours, malgré la difficulté et le froid, a toujours eu un mot sympa pour les bénévoles et autres spectateurs qui l'encourageaient. Une seule chose à dire BRAVO. Je tenais à le souligner car, malheureusement, lors de courses, il arrive de croiser certains concurrents qui n'on pas de tels résultats et n'ont pas cette délicatesse! Cela remet les choses en place et certains devrais faire preuve de plus d 'humilité. Fort heureusement ce n'est qu'une minorité et c'est tant mieux! Voila la parenthèse est fermée. Nous faisons donc cause commune et, tout comme moi, elle éprouve bien des difficultés à s'alimenter... le froid gèle la pipette de son camelback et empêche donc tout passage de liquide. Pour moi, même punition, le froid a fait un bloc de glaçon dans ma gourde, impossible de tirer sur la pipette, de plus, l'eau a gelé sur mon bidon formant un beau glaçon. Ca va être difficile si on ne boit pas... surtout que nous sommes au km 13 et que le premier ravito est au km 33. 20 bornes sans eau... ça va être chaud!!! On continu malgré tout, je m'arrête un moment histoire de casser la glace dans mon bidon pour pouvoir boire un coup. L'eau se fige au fur et a mesure... c'est un truc de dingue!!! Je me retrouve de nouveau seul et continu à ma main. Nous passons par de superbes points de vue dans les rochers, le soleil bien présent à du mal à nous réchauffé, le mistral glacial nous gelant le visage, les cuisses et les pieds.

Km 25: nous montons sur un plateau très venté, un concurrent revient sur moi et me propose de faire cause commune contre le vent par des relais successifs. Allez c'est parti... le problème c'est que ce brave homme s'est bien abriter derrière moi dans la zone venté pour finalement me laisser partir, préférant couper un virage et éviter une monter supplémentaire. Bel esprit, Bravo!!! Et pour tout vous dire, j'ai particulièrement apprécié le " je connais bien le parcours, l'année dernière on passait par là " quand je l'ai rattrapé. Non content, il n'hésitera pas non plus à jeter un gel vide au sol: sans commentaires!!!! Je décide donc de me séparer de lui un peu agacé. Le parcours est sympas. Toujours de beaux sentiers mono trace, quelques passage techniques nécessitant l'aide des mains. Je me régale, je ne suis pas trop mal et, à ce stade le course, aucune douleurs. Même mes pieds, malgré de nombreux coups contre des cailloux, ne me font pas mal, le froid les ayant anesthésiés. On verra le résultat à l'arrivée et on comptera le nombre d'ongle qui vont encore noircir. La troisième féminine me double. Il s'agit de Fiona Porte. Elle me dépassera dans une descente technique et je ne la verrai plus et cela jusqu'aux environs du km 34.

KM 34: enfin arrivée au ravito je sais que je vais retrouver la miss qui m'attend et qui comme d'hab va donner de la voix et bien pas pour cette fois!!! j'ai du passer trop vite! Effectivement, entre deux coup de raffale, j'attend crier derrière moi. Un beau 100 mètre à l'arraché pour elle, qui a juste eu le temps de me voir passer au loin. Je me retourner rapidement, juste le temps de la voir tout vite et de se donner rendez-vous à l'arrivée. Je file au ravito pour enlever mon glaçon et prendre de l'eau et c'est reparti pour l 'ultime partie la plus roulante, ça devait être comme ça en théorie!!! En pratique, le vent a contrarié tous les plans et les passages au bord de mer furent une vrai galère. Un mistral de fou qui malgré mes 76 kg arrivait a me déporter, impossible de lutter... obligé de courir au grès des rafales profitant du moindre moment de calme pour donner du rythme.

KM 44: je rejoins péniblement le second point de ravitaillement en luttant contre le vent où, ici encore, les bénévoles, malgré le froid, étaient présents et souriants. Encore 6 km et nous verront l'arrivée. Une succession de petites bosses nous amènerons à gruissan village où pour finir, 1k300 de bitume déboucheront sur le tapis rouge du palais des congrès.

KM 50: Voilà c'est fait. 4h42'41 d'effort et un premier défis relevé avec une belle 32ème place.

En bref, mon ressenti sur ce défi:
concernant le gruissan phoebus trail: une très belle épreuve avec un beau parcours, des bénévole formidable qui, malgré le froid "sibérien" était toujours présent, souriant et disponibles. Je reviendrai avec plaisir mais cette fois-ci sans le vent et les température un peu moins froide. Un grand merci, en outre, à l'école de kiné de Montpellier présente à l'arrivée pour masser les muscles endoloris à l'arrivée.
concernant le temps de course et la place: très content compte tenu des conditions climatique extrêmement dé&favorables et du peu de préparation (seulement 15 jours après la reprise)

Olivier Turon.